Traiter les causes de la dysbiose intestinale pour traiter la dépression

Traiter les causes de la dysbiose intestinale pour traiter la dépression

Pain, pâtes, fromage et dépression !

Qui songerait aujourd’hui à mettre en cause le pain, les pâtes et le fromage (parmi d’autres aliments) dans la dépression ?! Si la relation peut paraître incongrue au premier abord, elle est pourtant loin d’être anodine car le gluten (protéine du blé), la caséine (protéine du lait) et les glucides (féculents et sucres) sont des facteurs déterminants d’altération du microbiote et des aliments pro-inflammatoires. Et nous avons vu ici comment la dysbiose pouvait être incriminée dans la dépression.

Or le gluten, la caséine et les glucides sont omniprésents dans l’alimentation moderne et en particulier dans l’alimentation industrielle. Le gluten étant la protéine du blé, du seigle, de l’orge et de l’avoine (qui contient son équivalent, l’avénine), on le retrouve dans la plupart des aliments préparés avec de la farine. Les produits laitiers sont aussi très largement consommés. En outre, les habitudes alimentaires ont énormément changé en quelques décennies donnant une part prépondérante aux céréales au détriment des légumes, des protéines et des graisses animales.

La caséine et le gluten exercent le même type d’activité sur le microbiote. Tous deux entraînent une perte de biodiversité des souches de bactéries le composant (dysbiose), avec l’apparition d’une inflammation locale et systémique de bas grade et l’apparition d’un syndrome de l’intestin hyperperméable (leaky gut syndrome).

Des peptides opioïdes issus de la digestion du gluten et de la caséine (la glutéomorphine, la gliadinomorphine et la casomorphine), vont s’infiltrer dans l’organisme en traversant la barrière digestive devenue perméable. Ensuite, elles vont passer la barrière hémato-encéphalique et pénétrer dans le cerveau où, en raison de leur similitude moléculaire avec la morphine, elles activeront des récepteurs à la morphine.

D’où une forme d’assuétude aux aliments qui contiennent gluten et caséine pour ceux qui en consomment beaucoup et parfois des symptômes de sevrage à l’arrêt de ces aliments. Pour autant, l’arrêt, même soudain, est sans danger et bon pour la santé ! Dès les premiers jours, les effets psychiques d’un arrêt du gluten et des produits laitiers seront souvent ressentis (moins de brouillard mental, meilleure humeur, plus d’énergie). Sans parler de l’amélioration de symptômes physiques variés, y compris digestifs.

S’il convient d’être prudent avec les produits laitiers, le beurre et la crème fraîche peuvent être généralement considérés comme des aliments sains et nourrissants car dépourvus de caséine (ils sont produits à partir de la partie grasse du lait). Ils seront d’autant plus ressourçants pour l’organisme que consommés sous forme crue, c’est-à-dire issus de lait non pasteurisé industriellement.

Enfin, sans consommation modérée, les glucides au sens large (sucres, farines, féculents) font partie des facteurs favorisant la dysbiose. Ces glucides (sucres lents et rapides) ont assez peu d’intérêt pour la physiologie du commun des mortels ne pratiquant pas de sport intensif. Ils sont même assez néfastes à maints égards, et notamment parce qu’ils favorisent le développement de candida albicans (candidose intestinale) et/ou de bactéries opportunistes (dysbiose intestinale).

Comme le disait Hippocrate : « Avant de guérir quelqu’un, demandez-lui s’il est prêt à abandonner les choses qui le rendent malade. » Voilà donc pourquoi un psychiatre pourrait avoir l’idée apparemment saugrenue de proposer à un patient souffrant de dépression « d’abandonner » le pain, les pâtes, le fromage, le sucre, de limiter les féculents…

Il lui faudra bien-sûr pour tenir une telle diète sans être tenaillé par la faim veiller, comme évoqué ailleurs, à prendre des petits-déjeuners protéinés, réhabiliter les bonnes graisses (oméga 3, beurre et crème crue, etc.) et manger des légumes.

 

Autres causes de dysbiose (et donc de dépression !)

Outre le gluten, les produits laitiers et les glucides, d’autres facteurs de dysbiose entrent en jeu comme :

  • Une mastication insuffisante, un stress chronique, l’alcool, le tabac, les édulcorants comme l’aspartame (faux sucre) présents dans les sodas ;
  • Certains médicaments couramment prescrits (antibiotiques, anti-acides gastriques (IPP), anti-inflammatoires non stéroïdiens, neuroleptiques, benzodiazépines) et la pilule contraceptive ;
  • Un déséquilibre hormonal comme l’hypothyroïdie.

Ces différents éléments sont donc aussi à considérer en cas de symptômes dépressifs.

En conclusion, si vous vous sentez d’humeur morose, commencez par faire le tour de votre assiette et de votre pilulier. Vous trouverez peut-être des « choses qui rendent malade à abandonner » ! Quand cela est possible, faites-le ! Puis… Observez et constatez les effets !

 

Pour les professionnels œuvrant dans la relation d’aide intéressés par les liens entre microbiote, micronutrition et états mentaux, la formation Accords et Corps en fournit une très bonne sensibilisation.