Vitamines et microbiote dans le traitement de la schizophrénie (suite)

Les leçons de l’expérience « orthomoléculaire »

Un an plus tard… Quel bilan ?

Un an après la publication de mon article « Vitamines et microbiote dans le traitement de la schizophrénie », un petit coup d’œil dans le rétroviseur s’impose. L’année qui vient de s’écouler me permet d’enrichir et de nuancer mon propos.

Commençons par rappeler que l’approche d’A. Hoffer n’est pas une méthode miracle qui « guérirait » la schizophrénie. Voici à ce propos, les derniers rebondissements de l’histoire de M., le patient qui avait voulu expérimenter l’approche orthomoléculaire.

Après une période de rémission de ses symptômes de schizophrénie survenue peu après la mise en place du « protocole » et qui lui avait permis de se passer de traitement médicamenteux, deux épisode symptomatiques aigus ont émergé. Un premier six mois après. L’autre un an après et pour lequel il a dû être hospitalisé une dizaine de jours (épisode délirant aigu). Pourtant il n’avait pas modifié son alimentation ni interrompu ses compléments micronutritionnels.

Pendant l’hospitalisation, il a reçu un traitement neuroleptique et tout est rapidement rentré dans l’ordre. Aujourd’hui, selon les bonnes pratiques psychiatriques en vigueur, on considère qu’il a besoin de ce traitement médicamenteux à long terme;

M. a bien conscience qu’il n’est évidemment pas « guéri » de son trouble psychiatrique et tient d’autant plus à maintenir ce qu’il a mis en place l’an dernier : il continue de veiller à la qualité de son alimentation et reste très régulier dans la prise de ses compléments alimentaires tant il est content et satisfait des effets qu’il en perçoit sur l’amélioration de sa vie quotidienne. Depuis l’an dernier, ses parents ont aussi eu l’occasion de me faire part de l’amélioration de l’état général de leur fils, constatée immédiatement après la mise en pratique des mesures inspirées du protocole d’A. Hoffer. Loin de moi l’idée de conclure à partir d’un cas unique sur l’efficacité de ce protocole, néanmoins je peux me réjouir que la qualité de vie du patient se trouve significativement améliorée selon les premiers à même d’en juger, à savoir le patient lui-même et ses proches.

L’approche orthomoléculaire : quelles promesses ?

Dans les mois qui ont succédé à la parution de mon article, quelques patients atteints de schizophrénie m’ont consulté dans l’espoir d’améliorer eux aussi leur santé avec l’approche orthomoléculaire. En caricaturant un peu, plusieurs personnes sont venues – et on peut le comprendre – avec l’espoir que la « méthode Hoffer » leur offre une amélioration « à peu de frais… » Certains sont repartis déçus, naturellement. En effet, ils n’avaient pas mesuré que, comme pour toute démarche thérapeutique, il y avait besoin pour que cela produise des effets :

  • D’un fort engagement personnel (qui n’était pas là lorsqu’ils venaient poussés par leur entourage) ;
  • D’être prêt à changer son mode de vie et en particulier son alimentation ;
  • D’être sensible à la notion de qualité de vie quotidienne et d’avoir envie de l’améliorer ;
  • D’un certain degré d’autonomie matérielle et psychique pour pouvoir prendre soin de son microbiote et de sa santé par l’alimentation et la micronutrition. En effet, il faut pouvoir se mettre à cuisiner pour soi-même une alimentation ressourçante et être en mesure d’acheter des compléments alimentaires.

Si l’approche orthomoléculaire est prometteuse, elle n’est pas des plus faciles à mettre en place, et peut-être encore moins si la schizophrénie s’est installée depuis longtemps.

Pour conclure, si des personnes décidaient de mettre en pratique cette approche en autonomie, il serait prudent de ne pas la substituer à des soins psychiatriques classiques. En revanche, cette « méthode » peut être adjointe à l’approche médicale conventionnelle, en vue d’améliorer la qualité de vie quotidienne des personnes atteintes de schizophrénie. Chacun pourra alors juger par lui-même et pour lui-même des effets de la méthode.

 

 

Pour les professionnels œuvrant dans la relation d’aide intéressés par les liens entre microbiote, micronutrition et états mentaux, la formation Accords et Corps en fournit une très bonne sensibilisation.