Dysbiose intestinale et dépression

Dysbiose intestinale et dépression

Pourquoi parler du microbiote intestinal ?

Parce qu’il joue un rôle crucial pour notre vitalité. Ce « bouillon de culture » bourré de bactéries (au moins 160 espèces différentes), de champignons et de levures en tous genres tapisse tout l’intestin et fait l’interface entre l’environnement et l’organisme. 2 kg de microbes (10 000 milliards de micro-organismes) qui agissent, quand tout se passe comme prévu, en symbiose avec notre organisme.

Le microbiote a partie liée avec la digestion, la régulation de l’immunité, la production des neurotransmetteurs, le métabolisme, etc. Pas étonnant donc que de nombreux dérèglements physiques et mentaux soient liés à une altération de la flore intestinale.

Ce qui est fascinant, c’est que la dysbiose intestinale est incriminée dans des troubles très disparates. Obésité, diabète, douleurs chroniques, fibromyalgie, maladies auto-immunes, hypothyroïdie, troubles fonctionnels intestinaux, allergies, migraines, dermatites, psoriasis, fatigue chronique, troubles de la fertilité sont de près ou de loin liés à une dysbiose intestinale. De même, anxiété, dépression, insomnies, irritabilité, brouillard mental, addictions peuvent être en partie le fruit d’une dysbiose.

Mais par quels mécanismes physiologiques cela est-il possible ? Envisageons ici le cas particulier de la dépression.

 

Comment la dépression naît-elle dans notre « deuxième cerveau » ?

Il est désormais communément admis que notre ventre – rebaptisé « deuxième cerveau » – entretient une relation étroite avec notre tête. Si bien que l’état du ventre influence fortement les « états d’âme ». La dépression, qu’elle soit post burn-out (et donc liée à une façon de ne pas s’occuper de soi et de son corps) ou d’une autre origine, prend une partie de ses racines dans la dysbiose intestinale.

Deux raisons schématiques à cela.

La première concerne la production des neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline, sérotonine, mélatonine, GABA, etc.). 20 à 30 % des neurones de l’organisme logeraient dans l’intestin ; 80 % de ces neurones prolongent leurs ramifications jusqu’au cerveau pour y transmettre des informations et 60 à 90 % des neurotransmetteurs seraient produits dans l’intestin. De plus, le microbiote joue un rôle dans l’absorption et la synthèse de micronutriments (comme par exemple le magnésium, le fer, le zinc, les vitamines B) nécessaires à la production des neurotransmetteurs. Par exemple, pour que le tryptophane (acide aminé) soit transformé en sérotonine (en fin d’après-midi), puis en mélatonine (le soir), il faut suffisamment de vitamine D, de magnésium, de fer, de zinc, de vitamines du groupe B. On comprend alors aisément qu’une altération fonctionnelle du microbiote intestinal aura un impact sur le système nerveux puisqu’il participe à la production des neurotransmetteurs impliqués directement dans nos états psychiques et nos humeurs.

La seconde est liée à l’inflammation. La dysbiose intestinale engendre un état inflammatoire durable et latent. Cette inflammation modifie les équilibres biochimiques et génère la production de messagers inflammatoires (appelés cytokines pro-inflammatoires). Ces cytokines sont des molécules qui peuvent bloquer les récepteurs post-synaptiques des neurones, empêchant ainsi les neurotransmetteurs de transmettre leur message chimique comme ils l’auraient dû. Ce blocage du signal des neurotransmetteurs lié à l’inflammation affecte directement les états mentaux.

Voilà pourquoi il est primordial de bichonner sa flore intestinale pour garder sa bonne humeur et nourrir sa vitalité !

Le microbiote, écosystème fragile, peut être perturbé dans sa biodiversité par divers facteurs : hygiène de vie, alimentation, certains médicaments, et certains troubles hormonaux comme l’hypothyroïdie. Par conséquent, les perspectives d’amélioration de la dépression (au même titre que de nombreux autres troubles psychiques et/ou physiques) sont multiples, et savoir cela est déjà revigorant ! Et s’il est fondamental de manger des protéines dès le petit-déjeuner et prendre quelques compléments alimentaires comme vu dans d’autres articles, d’autres leviers essentiels modulant ces nombreux facteurs doivent être activés pour prendre soin du microbiote et optimiser l’humeur.

 

Pour les professionnels œuvrant dans la relation d’aide intéressés par les liens entre microbiote, micronutrition et états mentaux, la formation Accords et Corps en fournit une très bonne sensibilisation.